2007-02-02

Vieilles gloires polonaises (II)


Les Wiazemsky-Levachov...


"Jean Péloueyre sortit. De nouveau, entre les murs aveugles et sous la muette indulgence des arbres, il marchait, gesticulait ; parfois il feignait de se croire allégé de sa croyance : ce liège qui l'avait soutenu sur la vie lui manquait d'un coup. Plus rien ! Plus rien ! Il savourait ce dénuement ; des réminiscences scolaires se pressaient sur ses lèvres : "... Mon malheur passe mon espérance... Oui, je te loue, ô Ciel, de ta persévérance..."

Un peu plus loin, il démontrait aux arbres, aux tas de cailloux, aux murs qu'il existe parmi les chrétiens des Maîtres et que les Saints, les grands Ordres, toute l'Église universelle offre un sublime exemple de volonté de puissance.
Agité de tant de pensées, il ne reprit conscience qu'au bruit de ses pas dans le vestibule – bruit qui, au premier étage, déclencha un gémissement ; une voix pleurarde et ensommeillée appela Cadette ; alors les savates de la servante traînèrent dans la cuisine ; le chien aboya ; des volets furent rabattus : le réveil de M. Jérôme désengourdissait la maison."

[François Mauriac, Le Baiser au Lépreux, I, 1922] +

[Anne Wiazemsky, em Teorema de Pier Paolo Pasolini, 1968]

[Ilustração de Wiaz, pseudónimo de Pierre Wiazemsky, Príncipe de Wiazemsky e Conde de Levachov]

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